Pour le Chœur et la Maîtrise de l’Opéra national du Capitole de Toulouse, la saison se termine sur l’une des plus spectaculaires partitions chorales qui soit. Elle est donnée dans une version pour deux pianos, et percussions. C’est pour deux dates, le vendredi 27 juin à 20h et le lendemain samedi à 16h.
Gabriel Bourgoin, chef de chœur, assure la direction musicale de ses troupes et des trois solistes nécessaires, la soprano Anaïs Constans, le baryton Pierre-Yves Pruvot et le ténor Pierre-Emmanuel Roubet, tous trois fort bien connus ici même. La partie piano est tenue par Nino Pavlenichvili, et Levi Gerke.

Gabriel Bourgoin © Marion Frœhlicher Chaix
Précision : Carl Orff a utilisé environ vingt-quatre textes sur environ deux cents pour écrire sa “cantate scénique“ en 1936, aux allures et à la puissance volontairement “primaires“. Ce sont donc bien les Carmina Burana de Carl Orff au menu du concert.
Carmina Burana est un des trois éléments du Trittico teatrale Trionfi ou Triptyque théâtral “Triomphe“ du compositeur Carl Orff. Ce sont des Cantiones profanae cantoribus et choris et choris cantandae comitantibus instrumentis atque imaginibus magicis soit des Chants profanes du monastère de Benediktbeuren pour solistes et chœur, accompagnés d’instruments et d’images magiques.
Le Triptyque se complète avec “Catulli Carmina“, Ludi scaenici (1942) ou « Chants de Catulle », Jeux scéniques et enfin “Trionfo di Afrodite“, Concerto scenico (1950-51) ou « Le Triomphe d’Aphrodite », Concert scénique.

Choeur de l’Opéra national du Capitole © Romain Alcaraz
Le recul nous permet de mieux comprendre son œuvre, d’avoir une vision globale sur ce compositeur allemand atypique, né à Munich en 1895, et de constater que l’idée essentielle qui la gouverne toute , c’est bien le mot “théâtre“, Trionfo en étant une magnifique traduction. Le jeune homme inquiet qu’il fut, passionné de théâtre de l’Antiquité, va tenter après Richard Wagner de donner une forme neuve au théâtre musical allemand. Un temps chef d’orchestre, la Danse sera un autre volet qui le passionnera, mais une danse à l’expression charnelle, violente ou poétique, sensible aussi à la gymnastique rythmique et à la danse classique. C’est aussi le metteur en scène qui allait conjurer l’unité primitive de lieu, de son, de jeu, de danse et d’image, voguant dans le courant de tous les réformateurs « de l’impossible œuvre d’art », à savoir, l’opéra, en se référant à la tragédie de la Grèce antique.

Carl Orff
Les Carmina Burana connus des érudits sous le nom de Codex Latinus 4660 sont d’importants textes littéraires de l’Allemagne médiévale. Si Carl Orff leur a donné le long sous-titre énoncé ci-dessus, et dont la création eut lieu à Francfort en 1937, il a ainsi souligné ses intentions soit, il ne s’agit pas d’une simple mise en musique des textes profanes du manuscrit de Benediktbeuren, mais bien de tableaux magiques qui évoquent avec tous les moyens du théâtre, l’extase qui soulevait le drame antique. Le manuscrit anonyme retrouvé dans ce monastère bénédictin de Beuren en Bavière en 1803 a pour auteurs des poètes vagabonds des XIIè et XIIIè siècles qui écrivaient en un latin abâtardi, en moyen-haut allemand et en français (provençal?), des textes chargés d’une révolte juvénile, violente et parodique.

La nef des fous de Jérôme Bosch
Chants de louanges au Printemps et à l’amour, railleries et bruyantes chansons à boire – témoignage de la révolte de la jeunesse contre le monde durement organisé du Moyen-Âge – se joignent en un triptyque enchâssé dans l’invocation du destin (O Fortuna Imperatrix Mundi) et chantent, dans la première partie la rencontre de l’homme et de la nature ( Veris leta facies), on chante violemment le Printemps, dans la seconde , la joie du vin (In taberna), le baryton se livre ici à une solide profession de foi épicurienne : estuans interius puis le ténor, lui aussi ivre mort chante et provoque les commentaires passionnés du chœur. Et enfin, c’est l’apothéose de l’amour (Amor volat undique). Dans un langage où le provençal se mêle au latin, le baryton pleure ses aventures amoureuses. Ces chants reflètent dans une langue impulsive, parfois rude et même osée, une vie dominée par l’implacable Roue du destin. Le Moyen-Âge germanique, sa phase païenne et la Grèce antique se rencontrent dans cette conception revendicatrice et cependant fataliste de l’existence.
Carl Orff fera son choix parmi ces poèmes, construira un livret, et montera un spectacle qui ne ressemblera plus à l’opéra traditionnel mais où s’entremêlent chansons et danses, une « cantate scénique ». Il souhaitait être compris de tous, créer un style populaire, renonçant dans une recherche de simplicité au patrimoine musical moderne. Mélodies archaïques, loin des complexités polyphoniques, phrases directes, faciles à retenir, illustrant la pensée de l’auteur par les moyens les plus efficaces.
Remarquons aussi comment l’harmonie, élémentaire, présente cependant parfois, des instants d’une âpreté et d’une brutalité dans l’instrumentation, assez saisissants. Les pianos et les percussions pourront nous rendre ces effets d’une formidable vitalité. L’auditeur, le spectateur doivent être pris, envoûtés, conduits vers un climat obsessionnel et irrépressible, tel en ces cérémonies rituelles des religions primitives. Le Sacre du printemps, c’était un peu avant ! Le rythme, la danse, le chant martelé sont repris jusqu’à l’angoisse ou à l’extase. Le nom et prénom de Carl Orff évoquent bien, à coup sûr, la renaissance de l’élément rythmique et l’enrichissement de l’éventail des percussions.
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