La Venue de l’avenir, un film de Cédric Klapisch
En 2022, Cédric Klapisch nous laissait littéralement éblouis avec En corps, un film sublime sur l’universalité de la danse. Où l’on sentait comme un frémissement quant à sa démarche cinématographique… Avec l’opus sous rubrique, ce réalisateur confirme atteindre une maturité dans son art qui augure un grandiose… avenir !

Vincent Macaigne, Zinedine Soualem, Abraham Wapler et Julia Piaton – Crédit : Studio Canal
De nos jours, à Paris, chez un notaire. Une recherche généalogique met en présence une parentèle improbable. Des cousins aussi vagues qu’éloignés. Le problème concerne une maison qui intéresse des promoteurs d’espaces industriels à destination de panneaux solaires. Encore fait-il trouver les propriétaires de cette demeure abandonnée de longue date. Ce sont eux justement. Ils décident de déléguer quatre d’entre eux afin de se rendre sur place, en Normandie. Le quatuor découvre alors tout un trésor de photos, de lettres, de tableaux aussi, dont un clairement… impressionniste. Ils font ainsi, si l’on peut dire, connaissance avec Adèle, leur aïeule, la propriétaire des lieux, partie à Paris sur ses vingt ans, à la recherche de sa mère. Nous sommes alors en 1895. Le film va être, dans un montage d’une renversante virtuosité, un aller-retour permanent entre ces deux époques. Y compris une séance sous acide qui va transporter nos héritiers dans des salons où ils croiseront Victor Hugo, Claude Monet, etc. Les héros de cette fin du 19e siècle qui vont accompagner Adèle se nomment Anatole (peintre) et Lucien (photographe). Ce trio est jeune, plein d’ambitions légitimes alors que l’électricité commence à illuminer Paris. Le cinéma va faire son apparition aussi. Ces séquences temporelles sont d’une beauté visuelle à couper le souffle. On aimerait stopper la projection tellement les cadrages sont vertigineux d’équilibre et de sens. Les costumes sont au diapason pendant que la bande-son flirte avec Claude Debussy. Le retour à la réalité actuelle n’en est pas moins intéressante car elle creuse profondément les liens familiaux, ceux du sang. Où l’on découvre que l’on est toujours l’enfant de quelqu’un, même au travers des siècles. Et puis, franchement, voir la butte Montmartre en 1895, c’est un pur et renversant moment de nostalgie. Cédric Klapisch s’est entouré d’un casting éblouissant, même si l’on peut trouver l’Adèle de Suzanne Lindon un peu distante. Jugez plutôt : Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider, Sara Giraudeau et, dans de courtes apparitions : Cécile de France, François Berléand, Olivier Gourmet, Vincent Pérez. Excusez du peu ! Ils sont tous au cordeau et imprègnent leurs personnages d’une sincérité et d’une émotion qui emportent tout sur son passage.
Cédric Klapisch nous livre ici son grand œuvre. Un régal à ne louper sous aucun prétexte.