Mémoires d’un escargot, film d’animation d’Adam Elliot
Avouons sincèrement que le titre de ce film n’est pas très vendeur. Et c’est bien dommage car derrière se cache un chef-d’œuvre. Réalisé en stop motion, c’est-à-dire image par image de personnages, de décors et d’objets en pâte à modeler (135 000 prises de vue ont été nécessaires !), le dernier opus du réalisateur australien Adam Elliot s’adresse aux grands ados et aux adultes.
Il nous met dans les pas de Grace et Gilbert, deux jumeaux que la vie et les service sociaux vont séparer, les exilant à des milliers de kilomètres l’un de l’autre en Australie. Dans sa famille d’accueil plus ou moins accueillante, Grace va, heureusement, faire connaissance avec une dame âgée, Pinky, extravagante pour le moins. Elle aurait pu être Mata Hari ! De danseuse nue à joueuse de ping-pong avec Fidel Castro, il y a une marge qu’elle comble largement… C’est elle qui va convaincre Grace, collectionneuse compulsive d’escargots vivants ou en céramique, de sortir de sa coquille. De l’autre côté du continent, Gilbert vit des moments difficiles au milieu d’une famille ultra-conservatrice qui tentera, avec l’appui de l’Eglise, d’exorciser ses démons sexuels. Scène terrifiante ! Mais, petit à petit, les deux gamins grandissent, contre vents et marées contraires. Le film nous raconte ce passage parfois si délicat à l’âge adulte et les misères de notre monde, le temps qui passe, qui nous enlève ceux que nous aimons et qui, finalement, nous construit. L’esthétique ne fait aucune économie sur les avanies de notre société, conjuguant l’humour à l’effroi. Une leçon semble cependant s’imposer. A l’image des escargots, il faut toujours aller de l’avant. Adam Elliot est décidément un génie de l’animation. A voir absolument… sans les enfants !