Le premier concert 2025 des Clefs de Saint-Pierre, le 6 janvier dernier, réunissait quatre musiciens du pupitre de cuivres de l’Orchestre national du Capitole. Ce soir-là, les trompettistes Hugo Blacher et Thomas Pesquet s’associaient aux deux trombonistes Louise Ognois et Fabien Dornic sous le nom du « Bacaro Quartet ». Le programme « éclaté » de cette soirée a ainsi permis au public, particulièrement nombreux et enthousiaste, de découvrir autant d’œuvres originales de compositeurs méconnus que de pièces arrangées de musiciens célèbres.
Les habitués des concerts symphoniques de la Halle aux Grains connaissent bien et apprécient en particulier les qualités des pupitres de cuivres de la phalange symphonique toulousaine. Il n’est donc pas surprenant d’admirer, tout au long de ce concert, la précision de chacun de ces musiciens, le bel équilibre sonore qu’ils établissent entre eux et la parfaite cohésion de l’ensemble ainsi formé. La pratique de l’orchestre n’est probablement pas étrangère à ce sens du collectif qui se manifeste en permanence.
Présenté par Hugo Blacher, le concert s’ouvre sur une Toccata brillantissime du compositeur américain Edmund Haines. Jouée avec une perfection technique et un enthousiasme communicatif, cette courte pièce donne le ton de la soirée. Néanmoins un profond recueillement émane de la partition suivante du Russe Alexandre Glazounov intitulée à juste titre « In modo religioso« . Transcrite pour cuivres par l’éditeur Robert King, elle combine méditation et solennité.
Nettement plus familier apparaît le style musical du Divertimento n° 4 composé par Wolfgang Amadeus Mozart pour trois cors de basset. Habilement transcrite pour cuivres par un certain Dieter Bonelli, l’œuvre déroule alternativement éloquence et sourire dans ses trois mouvements que les musiciens s’approprient avec finesse.
La pièce suivante constitue la plus élaborée, la plus longue de ce programme. Ce Quartet n° 4 est signé du compositeur et violoniste danois du XIXème siècle Wilhelm Ramsøe. A cette occasion, Thomas Pesquet troque sa trompette pour son cornet à pistons dont il est un virtuose accompli. La pureté de ses traits trouve un écho tout aussi magistral dans le jeu d’une volubilité impressionnante des trombones.
La seconde partie du concert s’ouvre sur une belle transcription de quelques extraits du ballet Casse-noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski. L’arrangeur, Hubert Meixner, né en 1958 en Bavière, a adapté au quatuor de cuivres quatre extraits significatifs du ballet. L’Ouverture, la Marche, la Valse des fleurs et le Trepak sont exécutés avec musicalité et vitalité.
La pièce suivante, Symphonie pour cuivres, du compositeur russe Victor Ewald, est spécifiquement composée pour ce pupitre. Elle a néanmoins été adaptée pour les quatre instruments de la soirée par l’Américain Jari Villanueva. Le Finale joué par le Bacaro Quartet en distille toute la fulgurance.
Les deux dernières partitions dévoilent encore un autre monde musical. Le Retrato de Alfredo Gobbi a été composé par Ástor Piazzolla en hommage à son ami violoniste. Toute la couleur sud-américaine émane de la transcription que le grand trompettiste et professeur Thierry Caens en a réalisée. Le tubiste Thierry Thibault a écrit la pièce Alla Cubana qui conclut le programme sur une note particulièrement rythmée.
Deux bis prolongent cette atmosphère « exotique ». Après une Rumba chaloupée, les musiciens jouent la musique de la chanson de Charles Aznavour et Georges Garvarentz « Emmenez-moi… », extraite de la musique du récent film En Fanfare du réalisateur Emmanuel Courcol.
Les Clefs du succès sont encore au rendez-vous.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse