Sons, un film de Gustav Moller
Le dernier opus du réalisateur danois Gustav Moller s’ouvre et se termine dans le huis clos d’une prison que l’on ne quittera pas. C’est là que travaille Eva, gardienne dans un secteur assez calme, appréciée des détenus et de sa hiérarchie. Un nouveau prisonnier fait son apparition, Mikkel. Le sang d’Eva ne fait qu’un tour. Elle le reconnait immédiatement, c’est lui qui a tué son fils alors détenu dans le même centre pénitentiaire que Mikkel il y a quelques années. C’est une chose qu’ignore la direction de la prison, celle-ci n’ayant droit qu’à l’accès au casier judiciaire de ses employés. Mikkel est un jeune dangereux, hyper-violent, incontrôlable, tatoué de la tête au pied. Il est incarcéré dans le Central, une aile de la prison particulièrement sécurisée. Eva demande sa mutation au Central. Le manque de personnel et la dangerosité du lieu aidant, elle y est admise immédiatement.
Ce qui suit est d’une noirceur qui laisse peu de place à l’espoir en la race humaine. En se rapprochant imprudemment de Mikkel, Eva devient… sa prisonnière !
Les films sur le monde carcéral sont légion certes, mais avouons que celui-ci est glaçant. Au bout de dix minutes, il vous prend à la gorge et se transforme en un suspense à la limite du soutenable. D’autant que, magnifiquement filmé, il nous met en présence de deux comédiens exceptionnels. Eva n’est autre que l’immense actrice danoise découverte en France en 2015 dans le film d’Emmanuelle Bercot : La Fille de Brest : Sidse Babett Knudsen. Elle porte ici en elle la violence sans contrôle de la soif de vengeance. Remarquable ! Nous faisons connaissance avec un jeune acteur danois de 28 ans : Sebastian Bull Sarning. Il incarne, à tous les sens du terme, avec un engagement physique sans retenues aucunes, un Mikkel en quête d’une rédemption qu’un mal viscéral lui interdit le chemin. Son visage coupé à la serpe est impressionnant, inquiétant, terrifiant. Quelles noires douleurs son regard peut-il cacher ?
Ce film, d’une remarquable maîtrise, est loin d’être apaisant mais il reflète, dans ses confins, hélas n’en doutons pas, la violence de notre société. L’actualité en corrobore à tout instant la justesse de ton.