Frères, un film d’Olivier Casas
Ce que nous raconte le second opus d’Olivier Casas est tout simplement hallucinant. C’est la jeunesse réellement vécue par Michel et Patrice. Ces deux-demi-frères dont la mère, tout sauf maternelle, est partie en Argentine en 1948 après les avoir littéralement abandonnés dans une colonie de vacances, se sont enfuis, suite à un drame, de ladite colonie et se sont réfugiés dans un bois. Ils avaient alors 5 et 7 ans ! A cette époque encore troublée par le dernier conflit mondial, personne ne les a recherchés. Ils ont été ainsi 90 000 en France !
Le film d’Olivier Casas, intensément documenté par Michel, aujourd’hui âgé de 78 ans, Patrice s’est suicidé en 1993, nous donne à voir l’impensable. Comment ces deux gamins ont survécu pendant sept ans dans la nature, vivant de rapines, mangeant des insectes, des rongeurs, s’abritant du froid et de la pluie comme ils pouvaient. Par chance, de constitution solide, ils n’ont jamais été vraiment malades. Le temps passant, leur mère a fini par les retrouver et les a enfermés dans un pensionnat afin qu’ils apprennent à lire et à écrire. Pour ces gamins ivres de liberté, ce fut l’enfer. Cela étant, Patrice devint Directeur de clinique et Michel, architecte. Le scénario nous les fait découvrir au travers de multiples flash-back temporels autant au début de leur incroyable odyssée enfantine qu’aujourd’hui. C’est le moment où Patrice (Mathieu Kassovitz) reçoit une information lui indiquant que Michel (Yvan Attal) se trouve au Québec, au fin fond d’une forêt. Abandonnant femme, enfants et travail, il part immédiatement le retrouver.
C’est l’histoire d’un amour fraternel, véritablement fusionnel, né dans une douleur qui l’a rendu d’une force indestructible. Interprétée sans affèteries mais avec beaucoup de pudeur, elle est l’image même d’un monde qui venait de s’écrouler mais aussi d’une humanité riche d’optimisme et confiante dans sa force de résilience.