Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison
Norman Jewison, décédé en janvier 2024, n’était sans doute pas l’un des grands maîtres du septième art, mais l’un de ces brillants artisans qui firent aussi la gloire d’Hollywood. On lui doit ainsi nombre de films marquants (Dans la chaleur de la nuit, Jesus Christ Superstar, Rollerball) parmi lesquels L’Affaire Thomas Crown, sorti en 1968, brille d’un éclat particulier. Cela commence par l’histoire banale d’un braquage de banque mené et mis en scène de façon non banale. Au cœur du fric-frac : Thomas Crown, riche banquier désœuvré en quête de frissons. Le coup parfait réalisé, il doit faire face à une opiniâtre et séduisante enquêtrice, Vicki Anderson, dépêchée par la compagnie d’assurances de la banque. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Le jeu du chat et de la souris peut commencer…
Utilisation inédite du split screen (écran éclaté permettant d’exposer en même temps plusieurs situations), formidable musique de Michel Legrand (un Oscar pour la chanson The Windmills of Your Mind), somptueuse photographie d’Haskell Wexler, scénario malin : tous les ingrédients sont au rendez-vous pour faire de ce mélange de suspense et de romance une production sortant de l’ordinaire.
Classe folle
Mais surtout, il y a à l’écran l’un des couples les plus inoubliables du cinéma. Voici donc Steve McQueen (que Jewison avait dirigé dans Le Kid de Cincinnati) et Faye Dunaway (qui venait d’être révélée par Bonnie & Clyde). Ils sont beaux, non sublimes. Ils imprègnent chaque plan de leur classe folle. Leur élégance n’est pas due qu’à des costumes et tenues qui deviendront aussi iconiques qu’indémodables. Ils possèdent le charisme des stars, ce mélange impossible de naturel et de sophistication.
De fait, en leur compagnie, les scènes culte s’enchaînent. Ce qui fut à l’époque le plus long baiser du cinéma donne toujours des frissons. La partie d’échecs est un sommet d’érotisme chaste. La course échevelée en Buggy sur la plage une invitation à l’insouciance. C’était l’époque où le banal cinéma de genre hollywoodien produisait encore des chefs-d’œuvre presque sans s’en rendre compte. Le moule a été cassé. Tant pis. On peut encore voir et revoir L’Affaire Thomas Crown.
> LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS