Claire Conruyt publie Mourir au monde aux éditions Plon. Un premier roman envoûtant qu’il est difficile de lâcher.
Sœur Anne a rejoint le couvent depuis 20 ans. Une vocation qui lui vient de l’enfance et ce malgré la volonté de ses parents et encore plus de son frère jumeau. Mue par sa foi, Sœur Anne se destine dès lors à la vie religieuse. Pourtant la vie en communauté semble plus difficile qu’elle n’y pensait. La complicité avec les autres sœurs est difficile, voire complexe. Car Sœur Anne est différente, trop mystique. Les autres parlent, commentent, regardent de travers. Alors Sœur Anne craque. Un incident de trop et la Mère supérieure est contrainte de l’envoyer en Espagne. Pour se reposer, pour réfléchir aux fondements de sa foi. Quelques mois plus tard, la voilà autorisée à revenir et pour preuve de sa confiance la Mère supérieure lui confie le patronage d’une nouvelle aspirante, Jeanne.
La confusion des sentiments
Jeanne est jeune, joyeuse, curieuse. Elle apporte d’emblée un air de fraîcheur. De nouveauté. Les sœurs l’adoptent sans attendre. Pour Sœur Anne la rencontre est plus difficile, apeurée à l’idée de devoir servir d’exemple. Distante et silencieuse, Jeanne ne cherche pas à la bousculer. Au contraire, elle l’observe et trouve en Sœur Anne une personnalité qui la fascine. Alors c’est elle qui brisera la glace, elle qui cherchera à pénétrer le cœur de Sœur Anne. Et cela advient, facilement, naturellement. Les deux femmes se comprennent sans se parler. Un lien hypnotique ne tarde pas à les unir. Ensemble elles se sentent bien, mieux. Les autres sœurs commencent à voir d’un mauvais œil ce duo inséparable. Il faut feindre, ne pas montrer trop d’attachement. Vivre en communauté et non dans l’admiration de l’autre. Des injonctions qui bouleverseront Sœur Anne et Jeanne. Mais jusqu’où ?
Claire Cornuyt nous propose une immersion dans un couvent où foi et convenance ne font qu’un. Ne pas interroger sa vocation ni les règles communes. Un mot d’ordre qui devient de plus en plus difficile à suivre pour Sœur Anne. L’auteur décrit alors subtilement et admirablement les troubles de son personnage. Elle creuse jusqu’aux sentiments les plus confus et secrets et cela dans une langue poétique et virevoltante. Un premier roman d’une beauté exquise !
Claire Cornuyt, Mourir au monde, Plon, 160 p.
Photo : Claire Conruyt @ DR
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