Grigory Sokolov semble bien avoir pris ses marques à Toulouse où il est l’invité cette année encore de la saison de Grands Interprètes. Ce sera le 19 novembre prochain, à la Halle aux Grains. Un récital de ce brillant premier Prix au Concours Tchaïkovski 1966 résonne toujours comme un événement hors du commun. Les programmes qu’il élabore avec soin, la plupart du temps au dernier moment, reflètent bien l’originalité de cet artiste exceptionnel et inclassable.
Paradoxe vivant à l’ère de l’hypermédiatisation, Grigory Sokolov est longtemps resté un des secrets les mieux gardés des connaisseurs du piano. Ce magistral interprète ne se répand pas en confidences sur la place publique. Sa carrière, médiatiquement discrète, l’amène à parcourir le monde avec un répertoire d’une impressionnante étendue, de William Byrd à Arnold Schönberg. Que ce soit en récital ou en concert avec orchestre, Grigory Sokolov reçoit partout un accueil enthousiaste de la part du public comme de la critique. « La musique n’est pas un métier, c’est la vie tout simplement ! L’interprétation, ce n’est pas un travail de dix minutes, de dix jours ou d’un mois. C’est le produit de toute une vie. » C’est ainsi que Grigory Sokolov, qui développe un jeu unique fait de contrôle absolu, de forte personnalité et d’une palette de couleurs sans limite, caractérise sa fonction d’artiste.
L’intensité particulière de ses interprétations en fait un interprète recherché par toutes les institutions musicales du moment. S’il enregistre peu, c’est sans doute parce que la musique, à ses yeux, se vit dans la fébrilité inspirée de l’instant et ne saurait être mise en boîte une fois pour toutes.
Grigory Sokolov est né à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) et a commencé ses études de musique à l’âge de cinq ans. Deux ans plus tard, il entre à l’École spécialisée du Conservatoire de Leningrad pour étudier auprès de Liya Zelikhman. A douze ans, il donne son premier récital public, mais c’est en 1966 qu’on découvre son talent prodigieux, quand, à seulement seize ans, il devient le plus jeune musicien de l’histoire à recevoir le Grand Prix du Concours International Tchaïkovski de Moscou.
Le programme de son récital toulousain du 19 novembre prochain associe deux visages bien différents de l’expression musicale et pianistique, Wolfgang Amadeus Mozart et Johannes Brahms.
La première partie de la soirée révèlera les finesses du premier avec sa Fantaisie et Fugue en ut majeur K 394, sa Sonate n°11 en la majeur K 331 (avec la fameuse Marche Turque) et son Rondo n°3 en la mineur, K. 511.
La seconde partie sera consacrée aux dernières œuvres pour piano seul de Brahms, toutes baptisées Klavierstücke. Les six de l’opus 118 seront suivies des quatre de l’opus 119. Une sorte de testament musical d’une insondable profondeur.
Grigory Sokolov est très attendu dans ce répertoire de luxe et de l’âme !
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