Compte rendu concert. 26 ième Festival de Musique de Chambre de Salon de Provence. Salon de Provence, Château de l’Empéri, le 31 juillet 2018. Mendelssohn. Brahms. Mozart. Quatuor Zaïde. Horiot. Couteau. Meyer. Michel Portal.
Quel amour de la musique partagée !
Titre beau et qui peut s’interpréter de bien des manières : Michel Portal quel amour ! Pour ma part je trouve simple de faire état de l’amour pour l’instrument comme pour des solistes qui a permis aux trois compositeurs de ce soir d’écrire de si belles pièces pour la clarinette. Mozart connaissait Anton Stadler depuis des années et est heureux d’enfin pouvoir composer pour lui dans ses dernières années de sa vie. Mendelssohn a écrit ses deux duos concertants pour ses amis père et fils clarinettistes de grand talent, les Bärmann. Enfin Brahms a eu un véritable coup de foudre pour le jeu du clarinettiste Richard Mühlfeld ce qui lui a redonné envie d’écrire en sa fin de vie. Ce soir est donc dédié à cet amour mêlé pour l’instrument et le musicien interprète.
Et l’hommage va à un véritable monument de musicalité : Michel Portal. Il est capable de suggérer cet amour pour l’instrument si parfaitement joué. Il incarne le musicien hyper doué qui inspire les compositeurs. Michel Portal est aussi reconnu comme musicien classique que comme jazzman. Il forme avec Paul Meyer un duo d’amicale complicité bien connu. Ce soir les deux pièces de Mendelssohn leur permettent ce sublime équilibre entre virtuosité au sommet et musicalité la plus raffinée. Le légato des clarinettes évoque les plus belles divas romantiques interprétant Bellini. Les traits de virtuosité sont dignes de la folie de Rossini. Et le sérieux et la rigueur des deux clarinettistes sont éclairés par une sorte de distance humoristique que leur permet leur aisance technique. Au clavier Geoffroy Couteau est un partenaire attentif, vivant et lui aussi plein d’esprit.
En ouverture et fin de concert les deux compères exultent de joie et font fondre le public avec ses deux duos de Mendelssohn.
Le trio de Brahms pour clarinette, violoncelle et piano est toujours un peu dans l’ombre du sublime Quintette que nous avons entendu hier soir. Las dans ce concert rien ne permettra de changer les choses alors que je trouve que ce trio recèle de vrais moments aussi sublimes que le quintette. Si Paul Meyer et Geoffroy Couteau sont parfaits dans un bel engagement romantique la violoncelliste Hermine Henriot est tout simplement hors du propos. Ses affèteries et son jeu maniéré sont incompréhensibles dans cette partition. Son jeu limité au piano et mezzo forte et son timbre terne sont très en dessous des attentes. Un duo pourtant parfait ne peut faire un trio avec l’ombre d’un violoncelle.
Puis le Quintette de Mozart installe Michel Portal au centre du Quatuor Zaïde.
Ces quatre superbes musiciennes sont comme aux petits soins pour le clarinettiste. Les générations s’admirent mutuellement et le résultat est un véritable moment de grâce. Seule une importune cigale mettra un temps ses stridences rythmiques entre la musique et le public. Mais elle rendra les armes au cours du sublime Andante devant la leçon de legato de Michel Portal. Car ce n’est pas autre chose qu’une musicalité absolue de poésie qui naitra entre le quatuor et Portal. Ce Quintette aussi sublime que le concerto pour clarinette est une des pages les plus originales et simplement belles de Mozart. La reprise de l’andante dans une nuance pianissimo est un moment magique, le menuet et ses deux trios offre des échanges pleins de complicités entre tous les musiciens. Les variations du final sont autant de moments de bonheur partagés chaque instrument écoutant l’autre pour mieux luis offrir ses plus belles phrases. Les musiciennes du quatuor Zaïde sont pleines d’énergie maitrisée et même d’un certain panache qu’elles mettent au service de la clarinette magique de Michel Portal.
Que d’amour pour cette musique de Mozart ! Le public a été absolument charmé et ravi.
Hubert Stoecklin
Compte rendu concert. 26 ième Festival de Musique de Chambre de Salon de Provence. Salon de Provence, Château de l’Empéri, le 31 juillet 2018. Félix Mendelssohn (1809-1847) : Pièce de concert en fa mineur n°1 op.113 et en ré mineur n°2 op.114 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur, op.114 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Quintette pour clarinette et cordes en la majeur K.581. Quatuor Zaïde ; Hermine Horiot, violoncelle ; Geoffroy Couteau, piano ; Michel Portal et Paul Meyer, clarinette.