Deux pôles très différents de la production musicale autrichienne composent le programme du prochain concert de l’Orchestre national du Capitole. La grâce mozartienne et la mystique monumentale brucknérienne se partagent la soirée du 10 février qui retrouve, à la tête de la formation symphonique toulousaine, le chef catalan Josep Pons. Invité pour la première fois, le jeune clarinettiste Raphaël Sévère sera le soliste de ce concert.
Nommé directeur musical du fameux théâtre Liceu de Barcelone en octobre 2010, Josep Pons occupe cette fonction importante depuis la saison 2012/2013. Il a auparavant été successivement directeur musical et artistique de l’Orquesta Ciudad Granada (1994 à 2004) et de l’Orquesta de Cambra Teatre Lliure (1985 à 1997). Il a également été chef principal et directeur artistique de l’Orquesta y Coro Nacionales de España (de 2003 à 2011/2012). Comme Chef principal invité au Liceu de Barcelone, il a dirigé de nombreuses productions lyriques, de La Flûte enchantée, de Mozart, à quelques premières mondiales comme D.Q., de José Luis Turina (mis en scène Fura dels Baus), et de La Fattucchiera de Vicente Cuyàs, en passant par Peter Grimes et Le Tour d’écrou, de Benjamin Britten, Le Château de Barbe-Bleue, de Béla Bartók, Wozzeck, d’Alban Berg ou La Voix humaine, de Francis Poulenc. Il mène en outre une importante activité symphonique comme chef invité de grands orchestres internationaux, comme l’Orchestre national de France, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre de la Suisse romande, l’Orchestre National du Capitole, le BBC Scottish Symphony Orchestra ou encore l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig…
Josep Pons dirigera à Toulouse l’une des vastes cathédrales sonores d’Anton Bruckner, sa Symphonie n° 4, sous-titrée « Romantique ».Mystique entre les mystiques, le compositeur était ainsi qualifié par l’un de ses interprètes inspirés, le chef d’orchestre Wilhem Furtwangler : « Bruckner est dans l’histoire de l’art européen, un des très rares génies à qui le destin imposa de donner un corps au surnaturel, de s’emparer du divin, de le contraindre à faire irruption dans notre monde humain […]. Ce musicien était, en réalité, un successeur de ces mystiques allemands qui ont nom Maître Echkart, Jakob Böhme… » Sa Symphonie n°4, traversée par les souvenirs d’un Moyen-Âge imaginaire, peuplé de chevaliers et de soupirants éconduits, déploie un souffle puissant et inspiré. Elle sera donnée dans sa version révisée par le compositeur lui-même entre 1878 et 1880 et éditée par Leopold Nowak.
Le sublime concerto pour clarinette et orchestre de Mozart ouvrira la soirée. Il s’agit là de l’une de ses toutes dernières œuvres, composée quelques mois seulement avant sa mort. Exploitant au maximum les possibilités de l’instrument soliste, le compositeur livre là l’un des plus émouvants témoignages d’amitié écrit pour un de ses frères francs-maçons. La grâce absolue s’y manifeste de la plus façon la plus sublime. Le soliste de ce chef-d’œuvre, Raphaël Sévère, est né le 15 septembre 1994 dans une famille de musiciens. À l’âge de 8 ans, il commence la clarinette au conservatoire de Nantes tout en poursuivant l’étude du piano. Trois ans plus tard, il donne son premier concert en soliste en Chine où il interprète précisément le concerto pour clarinette de Mozart le jour du 250ème anniversaire de la naissance du compositeur. A 12 ans, il est lauréat de cinq concours internationaux dont celui de la Japan Clarinet Society à Tokyo où il remporte le 1er Prix et les quatre Prix spéciaux (catégorie 20 ans). En Novembre 2013, il remporte le prestigieux concours des Young Concerts Artists International Auditions de New York qui lui décerne le 1er Prix et neuf Prix spéciaux. En 2014, Raphaël Sévère est lauréat de la Fondation Safran, lauréat de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire, et artiste en résidence à la Fondation Singer-Polignac. En 2015, son disque Brahms (label Mirare) obtient le Diapason d’Or de l’année.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Orchestre national du Capitole
Josep Pons , direction
Raphaël Sévère, clarinette
Vendredi 10 février 2017 – 20h
La Halle aux Grains