Compte -rendu concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le samedi 3 décembre 2016. Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Elias. Stéphane Degout, baryton ; Ensemble Pygmalion ; Raphaël Pichon, direction.
Concert absolument majeur ce soir.
Raphaël Pichon et son Ensemble Pygmalion abordent un monument romantique avec toutes les qualités héritées de leur longue pratique de JS Bach. On sait le rapport si riche entre la musique de Bach et celle de Félix Mendelssohn, lui qui réhabilita les Passions en une période d’oubli. Cet oratorio, Elias, est un chef d’œuvre mal connu. Fresque théâtrale et grandiose de l‘histoire biblique, il souffle un vent du désert épique sur cette partition. Le début abrupt sur un récit du baryton précède la vaste ouverture. Le choeur a un rôle considérable, il sait gronder, implorer, prier. Les personnages se développent, prennent vie.
Sa majesté ELIAS par Raphaël Pichon
Raphaël Pichon dirige ses forces avec souplesse et obtient, nul ne sait comment, une extraordinaire grandeur qui toujours s’élève et s’allège. Jamais rien de grandiloquent mais toujours de la majesté et de l’élégance. Le théâtre de la vie d’Elias entre grandeur, chute et élévation est romantique. Les moyens orchestraux, vocaux et choraux sont somptueux. Chacun ce soir est parfait. L’orchestre sur instruments d’époque est d’une richesse de couleurs inimaginable. Les nuances sont subtilement amenées, ou vont vers des contrastes saisissants. Les chœurs ont une présence, une diction impeccable. L’homogénéité des pupitres est spectaculaire; la beauté des voix est de chaque instant. Le chœur final laisse les spectateurs pantois. Les solistes sont incarnés et parfait de timbre, de texte et de ligne de chant. Stéphane Degout dans une voix à la beauté troublante incarne un Elias inoubliable. Julia Kleiter a une voix fruitée et ronde qui coule dans des phrasés sublimes. Anaïk Morel sait tenir de l’ange comme du démon. Sa courte intervention en reine colérique est un moment de pur théâtre.
Robin Tritscher a une superbe voix de ténor, claire et ferme. Sa présence est lumineuse. Les chanteurs sortis du chœur ont des voix magnifiques et une présence incroyable.
Nous ne ménagerons aucun compliment à ce fabuleux travail d’équipe porté par Raphaël Pichon. Ce musicien si doué est surtout un infatigable travailleur. L’énergie qu’il dégage dans sa direction galvanise ses troupes. Il évangélise afin de nous convaincre de la beauté sublime de cette partition. Il fait percevoir combien il sait où Mendelssohn veut aller dans cette vaste fresque. Aucun temps mort, aucune baisse de théâtralité, toujours des phrasés souples qui avancent, avancent …
Le public, hélas pas assez nombreux, a vécu ce concert comme un choc heureux. Une œuvre immense interprétée par des artistes non moins immenses. De grands interprètes pour un immense chef d’oeuvre, oui assurément !
Compte-rendu concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le samedi 3 décembre 2016 ; Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847): Elias, Oratorio , op.70 ; avec : Stéphane Degout, baryton; Julia Kleiter, soprano ;Robin Tritschler, ténor ; Anaïk Morel, mezzo-soprano ; Judith Fa, soprano ; Ensemble Pygmalion ; Raphaël Pichon, direction.