Un trio de choc avec le violoniste letton Gidon Kremer qu’on ne présente plus, et une valeur montante près de lui, grimpant les marches de la renommée à toute allure, le pianiste russe Daniil Trifonov. Complétant ce trio, la violoncelliste d’origine lituanienne Giedre Dirvanauskaite. Elle fait partie depuis sa création, 1997, de l’ensemble Kremerata Baltica fondé par Gidon Kremer, himself, un gage de qualité, c’est l’évidence. Si Gidon Kremer donne des concerts avec ces deux artistes, pas la peine d’avoir quelque appréhension sur la qualité de l’interprétation des œuvres au programme. Et si l’on retrouve une sonate d’un inconnu pour la plupart d’entre nous, un certain Weinberg, pas de souci non plus. Gidon Kremer sait écouter l’avis autorisé d’un Chostakovitch qui tenait en haute estime ce compositeur. Nous voilà prêts pour une grande soirée de musique de chambre, dans le cadre du cycle Grands Interprètes, ce mardi 5 mai à 20h à la Halle.
Wolfgang Amadeus Mozart [1756-1791]
Fantaisie pour piano solo n°3, en ré mineur, K. 397 (durée ~ 6 mn)
Mieczyslaw Weinberg [1919-1996]
Sonate pour violon solo n°3, opus 126 (durée ~ 22 mn)
Franz Schubert [1797-1828]
Fantaisie pour piano et violon, en ut majeur, opus 159, D.934 (durée ~ 23 mn)
entracte ~ 20 mn
Serge Rachmaninov [1873-1943]
Trio élégiaque pour piano, violon et violoncelle n°2, en ré mineur, opus 9 (durée ~ 48 mn)
1. Moderato – Allegro vivace
2. Quasi variazione : Thème avec huit variations, tiré de la fantaisie pour orchestre Le Rocher
3. Finale: Allegro risoluto – moderato
Mieczyslaw (Moishei) Weinberg (Vainberg) est né en 1919 à Varsovie. Fils d’un violoniste et compositeur travaillant pour un théâtre juif de la capitale polonaise, il étudia le piano au conservatoire avec Josef Turczynski. L’occupation allemande le força à fuir la Pologne en 1939, et il se réfugia en URSS. Il devait apprendre plus tard que ses parents et sa sœur Esther, restés sur place, avaient été victimes des nazis. Il vécut tout d’abord quelque temps à Minsk, où il étudia la composition avec Vassili Zolotarov (1872-1964), un élève de Balakirev et de Rimski-Korsakov. En 1941, il s’installa à Tachkent, et envoya le manuscrit de sa première symphonie à Dimitri Chostakovitch, qui réagit avec enthousiasme et l’invita à Moscou, où Weinberg résidera de 1943 jusqu’à sa mort, survenue en 1996. Véritable album-portrait, la sonate est d’une grande complexité et difficulté dans laquelle on retrouve différents moments de la vie du compositeur comme, portrait du père, portrait de la mère, autoportrait du compositeur-enfant, puis ……
GIDON KREMER – violon
« La musique n’est pas qu’une grammaire. La musique est un espace libre pour l’imagination. (…)Donc, produire quelque chose d’imprévu sans connaître les règles, c’est être un amateur. Mais, ne faire que suivre les règles, c’est être un érudit, pas un artiste. Pour être artiste, il faut savoir oser, afin de briser les règles. »
De tous les grands violonistes, Gidon Kremer a peut-être eu la plus atypique des carrières. Né à Riga en Lettonie, il commence à étudier le violon à l’âge de quatre ans avec son père et son grand-père, tous deux instrumentistes à cordes. à sept ans, il entre à l’école de musique de Riga. à seize ans, il reçoit le 1er prix de la République de Lettonie et deux ans plus tard il entame des études avec David Oistrakh au Conservatoire de Moscou. Il reçoit de nombreux prix prestigieux comme celui du “Concours Reine Elizabeth” en 1967 et le 1er prix du “Concours International Paganini” et du “Concours International Tchaïkovsky”.
Gidon Kremer commence alors une carrière remarquable, durant laquelle il s’est forgé la réputation comme étant l’un des plus originaux et irrésistibles artistes de sa génération. Il se produit avec les plus célèbres orchestres d’Europe et d’Amérique. Il a également collaboré avec les plus grands chefs d’orchestre.
Le répertoire interprété par Gidon Kremer est exceptionnellement large, allant des standards de la musique classique et des œuvres romantiques pour violon, aux grands compositeurs de la musique du XXe et XXIe siècle comme Henze, Berg et Stockhausen. Son répertoire s’étend également aux œuvres des compositeurs russes et de l’Europe de l’Est, dont certaines lui furent dédiées. Il s’est ensuite associé à différents compositeurs comme Alfred Schnittke, Arvo Pärt, Giya Kancheli, Sofia Gubaidulina, Valentin Silvestrov, Luigi Nono, Aribert Reimann, Peteris Vasks, John Adams, Victor Kissine, Michael Nyman, Philip Glass, Leonid Desyatnikov et Astor Piazzolla, transmettant leurs créations au public, à la fois dans le respect des traditions et avec une incroyable modernité. Il serait juste de dire qu’aucun autre soliste de cette stature internationale n’a joué autant d’œuvres de compositeurs contemporains de ces trente dernières années.
En 1997, il crée l’orchestre de chambre Kremerata Baltica afin de favoriser de jeunes musiciens provenant des trois états Baltes. Depuis, Gidon Kremer tourne avec l’orchestre dans les plus prestigieux festivals et plus grandes salles du monde. Il a enregistré autour de 25 CD avec les maisons de disques Teldec, Nonesuch, DGG et ECM. En février 2002, il reçoit avec Kremerata Baltica le “Grammy for the Nonesuch” pour son enregistrement “After Mozart” dans la catégorie “Meilleure performance de petit ensemble”. Ce même enregistrement reçoit un prix ECHO en Allemagne à l’automne 2002.
Gidon Kremer a enregistré plus de 120 albums, dont beaucoup d’entre eux ont reçu des récompenses internationales. Son nouvel enregistrement “Mieczysław Weinberg” est sorti en janvier 2014. Il a été enregistré avec Kremerata Baltica et solistes à Neuhardenberg et Lockenhaus en 2012 et 2013, et confirme les dires de Chostakovich que Weinberg était l’un des plus grands compositeurs de son époque. Cet enregistrement a été salué par les professionnels de la musique et les mélomanes.
De 2002 à 2006, Gidon Kremer fut le directeur artistique du festival “Les Muséiques” à Bâle en Suisse.
Gidon Kremer joue sur un violon de Nicola Amati de 1641. Il est également l’auteur de quatre livres – le dernier s’intitule “Lettres à un jeune pianiste” – publiés en allemand et traduits en plusieurs langues, qui témoignent de ses ambitions artistiques.
« …C’est tout le problème avec le « cross-over ». Celui-ci diminue la valeur de l’art véritable, en le rendant facile à écouter, facile à digérer, facile à approcher, facile à acheter, facile à vendre. C’est comme si tout ce qui importait était la quantité et non la qualité.… »
DANIIL TRIFONOV – piano
Combinant une technique déconcertante avec une sensibilité rare, le tout jeune pianiste russe Daniil Trifonov fait une ascension spectaculaire au sein du monde de la musique classique.
Le bonhomme a de qui tenir : Des ancêtres facteurs d’accordéon, une grand-mère chef de chœur, un père compositeur (punk-rock…), une mère, professeur de théorie musicale…
Après avoir remporté le premier prix des concours Tchaïkovski et Rubinstein en 2011, ainsi que le troisième prix du « Chopin de Varsovie », Daniil Trifonov, âgé seulement de vingt ans, fait ses premières apparitions avec des orchestres de renom : les « Big Five » américains, le Royal Philharmonic de Londres ainsi qu’avec des ensembles européens de haut niveau.
Tout de suite, ce sont les salles de concert les plus prestigieuses, les chefs les plus réputés. Il effectue ses débuts en tant que soliste au Carnegie Hall de New-York, au Wigmore Hall de Londres, au Musikverein de Vienne, au Suntory Hall au Japon, à la Salle Pleyel à Paris, aux festivals de Verbier, Edimbourg et Lucerne, ainsi qu’aux BBC Proms de Londres.
Viendra une tournée au Japon avec l’Orchestre Mariinsky, et aux États-Unis avec le violoniste Gidon Kremer, avec lequel il donne des récitals grandioses dans les plus grandes salles internationales : au Royal Festival Hall de Londres, à l’Opera City de Tokyo, au Théâtre des Champs Elysées à Paris, et – pour la troisième année consécutive, au Carnegie Hall de New York. Il remporte le Prix Franco Abbiati en 2013 en tant que meilleur soliste instrumental, et rencontre un vif succès lorsqu’il interprète pour la première fois son propre Concerto pour piano à Cleveland.
La saison dernière, il collabore avec dix-neuf grands orchestres, dont l’Orchestre philharmonique de Los Angeles et les Orchestres symphoniques de Londres, San Francisco et Washington.
Cette saison, il fait ses débuts avec les Orchestres symphoniques de Dallas, Seattle, Toronto et Vienne, puis il se produira avec l’Orchestre philharmonique de New York, le Chicago Symphony, l’Orchestre de Cleveland, le Washington National Symphony, ainsi que le Philharmonia Orchestra de Londres.
Artiste exclusif Deutsche Grammophon, son premier enregistrement « Trifonov : The Carnegie Recital » est nominé aux Grammy Awards. Cette œuvre rejoint sa discographie qui inclut un album dédié à Chopin pour Decca et le Premier concerto pour piano de Tchaïkovski avec l’Orchestre Mariinsky.
Né à Nizhny Novgorod en 1991, Daniil Trifonov a étudié à l’Ecole Gnessin de Moscou et à l’Institut de Musique de Cleveland.
GIEDRE DIRVANAUSKAITE – Violoncelle
Giedre Dirvanauskaite est une violoncelliste d’origine lituanienne. Lauréate de plusieurs concours nationaux, elle assiste également à des masterclasses données par M. Rostropovitch, D. Geringas, H. Beyerle, ou bien encore T. Grindenko.
En tant que soliste, elle se produit avec de nombreux orchestres de chambre et orchestres symphoniques en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Giedre Dirvanauskaite interprète différentes créations des œuvres de V. Kissine, G. Kancheli, A. Maskats, V. Poleva, et participe à de nombreux festivals. Elle se produit avec des artistes de renommée internationale tels que V. Afanassiev, M. Argerich, Y. Bashmet, M. Bekovac, S. Chen, V. Mendelssohn, L. Hagen, H. Holliger, M. Portal, ou encore A. Zlabys.
Au cours de ces dernières années, Giedre Dirvanauskaite effectue de nombreuses tournées avec différentes formations de musique de chambre.
Depuis 2009, elle est régulièrement invitée à se produire en trio avec le violoniste Gidon Kremer et la pianiste Khatia Buniatishvili. Ensemble, ils enregistrent un album « Kissine / Tchaïkovski : Piano trios » (ECM, 2011), encensé par la critique, et qui remporte le prestigieux German Critics Award pour sa qualité artistique exceptionnelle. Il est d’ailleurs cité comme l’un des meilleurs enregistrements des œuvres de Tchaïkovski.
Parmi les autres enregistrements de G. Dirvanauskaite, nous retiendrons également « Hymns and Prayers – Prière silencieuse » par Kancheli (ECM, 2008), « Between the Waves » – duo par V. Kissine (ECM, 2013), ainsi qu’un double album sorti sous le label ECM, hommage au compositeur Mieczyslaw Weinberg avec l’interprétation de sa 10e Symphonie pour cordes et de son Trio pour cordes, pour lequel G. Dirvanauskaite a été nominée aux Grammy Awards en 2015.
En janvier 2015, Giedre Dirvanauskaite se produit en trio avec le violoniste Gidon Kremer et le pianiste Daniil Trifonov aux Etats-Unis. Elle est également Premier violoncelle solo de l’orchestre Kremerata Baltica, dont elle est membre depuis la création en 1997.
G. Dirvanauskaite joue sur un violoncelle d’Alexander Gaglianus de 1709.
« Sur scène, je suis au service de la musique. Bien sûr, cela me fait plaisir si le public réagit, mais s’il ne le fait pas, je ne considère pas cela comme mon problème mais comme son problème. Non pas parce que je pense que je fais tout parfaitement ou d’une façon que personne ne pourrait faire mieux. Mais la réaction du public est secondaire pour moi : j’essaie avant tout d’être honnête envers ce que je fais. » Gidon Kremer
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
lundi 04 mai 2015 à 20h00 – Halle aux Grains