Deuxième round
Le plus dur, c’est de confirmer a-t-on coutume de dire non sans raison… Après une première saison et une programmation qui n’auront pas déçu les espoirs que beaucoup avaient placés en elles, Sébastien Bournac est au milieu du gué à l’orée de l’exercice 17/18. Avec un nouveau défi à relever : consolider les bases posées la saison passée tout en continuant à surprendre le spectateur, à titiller sa curiosité, à l’entraîner dans son sillage. Après l’élan, le souffle, celui qui permet d’aller plus loin. Impossible donc de se reposer sur leurs lauriers pour le directeur du Sorano et son équipe, rien n’étant plus facile à décevoir que l’enthousiasme des débuts.
Il faut remonter sur le ring, l’esprit combatif, sans baisser la garde.
Alors ?
En piste pour le deuxième round !
Classiques for ever
Lorsqu’on parcourt le programme de cette nouvelle saison, on y retrouve la présence affirmée de grands classiques, des origines du théâtre à la fin du XIXe siècle, sous des formes et avec des approches aussi différentes que personnelles. Antiquité grecque ou répertoire français, suivez le guide.
Classique parmi les classiques, Tartuffe ou l’imposteur ouvre la saison les 15 et 16 septembre lors d’un temps fort « Molière à Toulouse ». En début d’année, trois semaines ont déjà été consacrées aux plus célèbres de nos dramaturges lors de la programmation des « Molière de Vitez » donnés par la troupe du Théâtre Permanent de Gwenaël Morin. Ce dernier a transmis la mise en scène de son formidable Tartuffe (vu au Théâtre Garonne il y a quelques années) à la Troupe éphémère du Sorano. Composée de onze jeunes comédiens de la région, dont des anciens du Conservatoire de Toulouse et de sa classe Labo, la bande s’est réparti les rôles par tirage au sort. Un Tartuffe tout en fraîcheur, énergie et enthousiasme.
Près de trois mois plus tard, l’Odyssée est annoncée du 5 au 9 décembre pour des retrouvailles avec Pauline Bayle. Après Iliade la saison passée (repris le 9 décembre), elle revient avec la même équipe de comédiens et un nouveau chapitre de son travail d’adaptation des poèmes épiques d’Homère. De même qu’on ne sort pas indemne de l’univers carcéral, peut-on se réadapter, revenir au monde après que la violence et la guerre ont été longtemps nos compagnes au quotidien ? Question très actuelle posée par cette Odyssée téléportée dans nos temps incertains…
Début 2018, les 15 et 16 janvier, retour au répertoire français avec Andromaque. Le duo formé par le très claudélien Thomas Condemine et Olivier Martin-Salvan (comédiens et metteurs en scène) revoit à sa manière le chef d’œuvre de Racine en compagnie de trois autres partenaires. Une lecture à la table, face au public, pour commencer… puis les personnages vont prendre vie sur scène : Oreste, Hermione, Pyrrhus… et Andromaque.
Pour ceux qui ont l’esprit voyageur et qui veulent se replonger dans l’antiquité grecque, il y a une escapade en bus organisée le 6 février à la Scène nationale de Narbonne. Les Bacchantes, la pièce d’Euripide, y est donnée dans une mise en scène de Sara Llorca.
Encore le cher Molière du 13 au 16 février et quatre représentations de George Dandin ou le Mari confondu. Qu’est-ce que le terrible Jean-Pierre Vincent a fait de cette non moins terrible histoire de paysan parvenu manipulé et floué par tout son monde, de ses « amis » aristocrates à ses domestiques, de sa perverse épouse à l’amant de celle-ci ? Pour ce savoureux tableau de la bassesse humaine, le metteur en scène a promis « un spectacle à cracher le sang ». Ça va saigner au Sorano…
De Molière à Marivaux, il n’y qu’un siècle, celui qui sépare le XVIIe du XVIIIe. Le 3 avril est programmée La Femme n’existe pas, une adaptation de sa pièce La Colonie. Satire plus que comédie, utopie grinçante où, sur une île au milieu de nulle part, des femmes se mettent en tête de prendre le pouvoir. Une œuvre qui a fait de Marivaux un précurseur des mouvements de libération de la femme et que reprennent à leur compte la dramaturge Barbara Métais-Chastanier et la metteure en scène Kéti Irubetagoyena. Finesse et drôlerie sont les ingrédients principaux de cette exploration des rapports hommes-femmes, du Siècle des Lumières à nos jours.
Et revoilà Olivier Martin-Salvan au Sorano du 2 au 5 mai ! Après la tragédie racinienne, c’est à Ubu et Alfred Jarry qu’il s’attaque au grand plaisir de sa bande de comédiens. Ubu, une pièce qu’on ne se lasse pas de revoir, le miroir qu’elle tend à notre époque et ceux qui y vivent étant toujours l’occasion de rire jaune. Ici est annoncée une version résolument tournée vers la farce, le burlesque, le grotesque exacerbé, l’hyperbole potache. Ubuesque, quoi.
Supernova, saison 2
La première édition de cette parenthèse dédiée aux jeunes talents de la scène toulousaine et nationale ayant été un succès sur tous les plans, Supernova va connaître un deuxième épisode du 7 au 25 novembre. Fidèle à sa volonté de soutenir la jeune création, l’équipe du Sorano offre son plateau à six compagnies émergentes durant trois semaines. Chacune dispose d’au moins deux soirées pour montrer ce qu’elle sait faire et séduire le public. Jouez jeunesse…
C’est la Compagnie l’An 01 fondée par Yohan Bret qui inaugure cette deuxième édition du 7 au 9 novembre. Le jeune metteur en scène toulousain semble vouloir aller où on ne l’attend pas puisqu’après ADN de l’auteur contemporain Dennis Kelly, il a choisi de mettre en scène La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck (prix Nobel de littérature 1911), auteur très peu joué de nos jours. Le grand écart n’est cependant qu’apparent ; Yohann Bret trouve dans la pièce du dramaturge belge matière à creuser son thème favori de l’enfance piétinée, sacrifiée. Un nouveau volet de son travail de création à découvrir avec beaucoup d’intérêt.
Restons en Belgique ou plutôt chez les Belges avec Rumeurs et petits jours du Raoul Collectif, une troupe venue d’outre-Quiévrain programmée les 14 et 15 novembre. Le spectacle a été créé lors du Festival d’Avignon 2016 et met en scène une équipe de chroniqueurs radiophoniques qui apprend la suppression de son émission juste avant le 347e numéro de celle-ci. Comment vont réagir les membres du groupe confrontés à ce qu’ils vivent comme un acte de censure ? Liberté d’expression, liberté de la presse… état des lieux.
Dans la programmation de Supervova mais jouée au tout proche Quai des Savoirs, Démons, la pièce du dramaturge suédois Lars Norén adaptée par Lorraine de Sagazan, est donnée du 16 au 18 novembre. Un couple invite des voisins le temps d’une soirée pour oublier l’ennui et les rancoeurs qui le minent. Le masque tombe rapidement et le ressentiment et la violence longtemps contenus font exploser les conventions sociales, prenant à témoins voisins… et spectateurs de la salle. Encore du rire jaune, dérangeant et délicieusement cruel.
Nos Serments de la compagnie L’In-quarto prend la suite les 20 et 21 novembre au Sorano. Une histoire écrite par Guy-Patrick Sainderichin et Julie Duclos, librement inspirée de La Maman et la Putain, le film de Jean Eustache. Triangle, carré, losange amoureux, on ne sait trop, non plus dans la France de l’après-mai 68 mais dans celle d’aujourd’hui. Un seul serment, ne rien s’interdire et tout se dire. Beaucoup de scénarios et combinaisons possibles pour une création et des comédiens au charme irrésistible, eustachiens à souhait.
Le spectacle R (Remplacer) du Collectif Moebius met à l’honneur la jeune scène régionale les 22 et 23 novembre grâce à des comédiens issus du Conservatoire de Montpellier. L’agence R propose les services d’acteurs à ses clients pour les consoler de l’absence de leurs proches et remplacer, l’espace d’un moment, celui ou celle qui leur manque. Fable acide sur les dérives « consolatrices » de notre société, dénonciation de la « maternisation » et des simulacres grotesques de ce que Philippe Muray appelait l’Empire du Bien, R (Remplacer) pose une question essentielle sur les temps qui sont les nôtres : faut-il en rire ou en pleurer ?
Un autre collectif pour clore la parenthèse Supernova les 24 et 25 novembre, Le Grand Cerf Bleu et son spectacle d’après La Mouette. Intitulée Non c’est pas ça ! (Treplev variation), digression autour des thèmes principaux de la pièce d’Anton Tchekhov, cette création explore l’idée que l’impuissance et l’inachèvement sont le terreau de notre monde actuel, donc de la frustration de ceux qui l’habitent. Comment accéder à la vraie vie : « non pas telle qu’elle est » dit Treplev, ni telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle se représente en rêve ?
Bournac et Piemme, les inséparables
Directeur du lieu et de Tabula Rasa, la compagnie résidente au Sorano, Sébastien Bournac a encore le privilège de monter deux spectacles cette saison dans la salle qu’il dirige. L’occasion pour lui de reprendre et prolonger sa collaboration avec le dramaturge Jean-Marie Piemme, complice désormais de trois créations communes.
J’espère qu’on se souviendra de moi, première commande de Sébastien Bournac à Jean-Marie Piemme, est repris du 24 au 26 janvier après sa création sur le même plateau plus d’un an auparavant. Une pièce inspirée d’un fait divers en Allemagne – le meurtre au tournevis d’un automobiliste par le jeune Carlos – donnant lieu à une succession de monologues des membres de son entourage et du meurtrier lui-même. Chamboulés ou dans l’incompréhension, tous témoignent de l’effet que produit ce crime sur eux, en quoi il les perturbe, les interroge, les change. Un spectacle sur les angoisses et les névroses d’une époque, à revoir aussi pour sa bande-son (la musique de Sébastien Gisbert) et sa scénographie habile.
La grande création de la saison est programmée du 8 au 16 mars. Un Ennemi du peuple, nouvelle commande à Jean-Marie Piemme, a été écrite par le dramaturge belge d’après la pièce éponyme d’Henrik Ibsen. Un médecin découvre que les rejets d’une usine polluent les eaux du nouvel établissement thermal d’une ville… dont son frère est le maire. Cas de conscience, intimidations, magouilles, manipulations médiatiques, conflit entre morale ordinaire, fidélité familiale et intérêts économico-électoraux… tout y passe. Pour cette première immersion dans l’univers d’Ibsen, Sébastien Bournac s’est entouré de comédiens qui l’accompagnent depuis des années dont Alexandra Castellon, Régis Goudot et Ismaël Ruggiero.
La littérature en scène
L’adaptation d’œuvres littéraires sur scène est un art difficile, peut-être encore plus qu’il ne l’est à l’écran. Trois des spectacles programmés cette saison relèvent ce défi en s’attaquant à des auteurs aussi différents que Michel Foucault, Sade et Annie Ernaux.
Ceux qui ont 20 ans aujourd’hui n’imaginent certainement pas l’aura et l’influence intellectuelles qui furent celles de Michel Foucault il y a 40 ou 50 ans. En 1975, le philosophe prend en stop un jeune homme sur l’autoroute. Ils deviennent amis, amants, et écrivent ensemble un livre. Qu’est-ce que c’est que d’avoir 20 ans au milieu des années 1970 ? Pierre Maillet et Maurin Olles donnent chair à ce dialogue intime et politique avec Letzlove-Portrait(s) Foucault du 29 janvier au 3 février. À noter que ce spectacle est joué en itinérance dans Toulouse, dans des lieux qui restent encore à déterminer à ce jour.
Parlant de l’œuvre de Sade, Foucault disait que c’était « le seuil historique de la littérature ». Adapter Sade sur scène est un autre seuil sur lequel beaucoup se sont arrêtés mais que la Toulousaine Céline Cohen n’a pas hésité à franchir avec courage et talent. Après sa création il y a deux ans au Sorano, elle reprend son Sade X du 28 au 31 mars dans le cadre d’un co-accueil à la Cave Poésie. La femme, les femmes chez Sade, vaste et sulfureux sujet…
Tout à fait contemporaine est l’œuvre d’Annie Ernaux dont s’inspire Laurence Cordier pour son spectacle Le Quat’sous programmé les 10 et 11 avril. À partir de trois livres écrits à différentes périodes de la vie de la romancière, elle trace le portrait sensible d’une femme à facettes par l’intermédiaire des trois comédiennes présentes sur le plateau, de l’enfance dans un milieu populaire à l’accession au milieu intellectuel avec tous les déchirements que l’on peut imaginer. Une création entièrement féminine, de l’auteure à la metteure en scène en passant par les comédiennes … mais conseillée aux hommes.
Paroles et musique
Depuis la saison dernière, on sait que Sébastien Bournac tient à donner à la chanson une place de choix dans la programmation de la salle qu’il dirige. Tendance confirmée en 17/18 et ce dès le 22 septembre où le Sorano reçoit Manu Galure, un artiste bien connu sous nos latitudes. Cette unique séance paradoxalement intitulée Les soirs du grand départ inaugure la tournée de deux ans qui va amener le chanteur toulousain partout où l’on voudra bien l’accueillir pour l’écouter. Venez applaudir le dandy de grands chemins avant son départ sur les routes de France ! Cette guitare à une bouche, le rendez-vous musical suivant, a lieu le 20 décembre. Rodolphe Burger y retrouve une scène où il a maintenant ses habitudes et unit cette fois-ci sa guitare et sa voix à celles de Serge Teyssot-Gay, cofondateur de Noir Désir et autre figure du rock français des trente dernières années. Un concert et des mots en français et en espagnol, dont certains tirés des Coplas (poèmes d’amour andalous du XIVe siècle). Troisième soirée en chansons le 23 mars avec la venue de la grande comédienne Yolande Moreau (trois fois récompensée d’un césar, ex-pilier des Deschiens) associée au musicien et parolier Christian Olivier, membre fondateur des Têtes raides. Tous deux ont concocté un spectacle musical dédié à Prévert qu’ils lisent et chantent accompagnés de trois musiciens. Un nouveau regard sur la poésie et les textes de l’auteur de Paroles. Dernier temps réservé à la chanson le 13 avril, date à laquelle est annoncée une autre habituée des lieux, la pétillante Norah Krief de retour au Sorano. Après Les Sonnets de Shakespeare et Revue rouge les deux dernières saisons, la comédienne-chanteuse revient avec son complice, le musicien Frédéric Fresson, et une interprétation très personnelle du beau poème Al Atlal de l’Égyptien Ibrahim Nagi, chanté jadis par sa compatriote Oum Kalsoum. Une soirée entre nostalgie du pays perdu et sensualité orientale.
Théâtre d’ici et d’ailleurs… Insolites et inclassables…
Parmi les propositions insolites d’une saison qui n’en manque pas, il faut ranger Bigre-mélo burlesque du 4 au 7 octobre. Ce spectacle de Pierre Guillois, co-écrit avec Agathe L’Huillier et Olivier Martin-Salvan (encore lui), est présenté comme du « burlesque sans paroles ». Trois comédiens, trois voisins d’immeuble dans une grande ville, trois personnes qui prennent soin de tout rater avec application et brio. Un spectacle fait pour ceux qui aiment l’univers des Deschiens, le burlesque américain et le Tati de Mon Oncle.
Inclassable, insolite… deux adjectifs qui désignent bien Chroma, le spectacle que Bruno Geslin a imaginé d’après le livre éponyme de l’artiste anglais Derek Jarman, figure protéiforme de la scène britannique des années 1970 : peintre, jardinier, écrivain, cinéaste, metteur en scène, activiste… Alors qu’une maladie de la rétine le plonge petit à petit dans une cécité définitive, Jarman se lance dans l’écriture d’une autobiographie par la couleur, de l’enfance à ses recherches et aventures artistiques. Une œuvre qui a inspiré à Bruno Geslin un objet théâtral singulier pour une expérience visuelle et sonore à découvrir les 11 et 12 octobre.
Deuxième volet de la trilogie inaugurée lors de la première édition de Supernova, Des territoires 2 (… d’une prison l’autre…) du jeune et prometteur auteur-metteur en scène Baptiste Amann est à l’affiche du Sorano du 13 au 15 décembre. Toujours dans le même pavillon de banlieue, de retour des obsèques de leurs parents, on retrouve les membres de la fratrie du volet 1 confinés chez eux avec de nouveaux venus à la suite d’émeutes dans le quartier. Contraints à cette cohabitation inattendue, une intimité et des relations s’installent entre les convives. Discussions et petites histoires dans lesquelles s’invite la grande histoire de ce territoire encore mal connu.
Autres inclassables et habitués du lieu, Les Chiens de Navarre reviennent cette saison du 10 au 13 janvier avec Jusque dans vos bras, leur nouvelle création. Le sujet de l’identité française agite notre pays depuis quelques années mais de quoi s’agit-il en fait ? Les Chiens de Navarre allongent la France sur le divan et convoquent quelques figures de son histoire (de Gaulle, Robespierre… Obélix !) pour répondre à la question dans leur style iconoclaste, faisant souvent exploser le débat et la scène façon puzzle.
Il avait ouvert la saison dernière avec Savoir enfin qui nous buvons…, Sébastien Barrier est de retour les 8 et 9 février. Chunky Charcoal est le titre de son nouveau spectacle, du nom des charbons de fusain noirs utilisés sur scène par le graphiste Benoît Bonnemaison-Fitte pour noircir une page blanche de neuf mètres sur trois. Mais encore ? La guitare de Nicolas Lafourest, les mots de Barrier, un récit et une fable impossibles à décrire. Poésie pure.
Du 27 au 31 mars, le Sorano accueille Aglaé, solo écrit par Jean-Michel Rabeux pour la comédienne Claude Degliame d’après le témoignage réel d’une prostituée. Aglaé, soixante ans de tapin de Paris à Marseille où elle offre encore ses services à 70 ans passés. Elle raconte tout avec ses mots à elle, crus, sans détours et sans amertume. Une plongée transgressive dans un monde troublant, un spectacle qui bouscule nos préjugés sur le sexe et son commerce.
Les 4 et 5 avril, le public a Rendez-vous gare de l’Est, titre du spectacle dont Guillaume Vincent a écrit le texte et signé la mise en scène. Seule sur le plateau, la comédienne Émilie Incerti-Formentini en trentenaire d’aujourd’hui : un mari, une famille, un travail… et la maladie maniaco-dépressive qui pourrit son existence. Un autre théâtre-documentaire sur la difficulté à vivre dans un monde qui nous agresse au plus profond de notre être, qui écrase les singularités.
Carte blanche est donnée à Nadège Prugniard le 7 avril pour deux séances (à 19h et 21h) de théâtre-performance qui s’annoncent détonantes. M.A.M.A.E (Meurtre Artistique Munition Action Explosion) est le premier spectacle au programme. Six comédiennes « s’explosent » face au public : éructation, provocation, séduction… Cœurs sensibles, s’abstenir. Nadège Prugniard prend le relais en solo lors du second temps de la soirée intitulé Alcool. Une femme ivre de mots et de whisky, la rage au verre et au coeur. Une vie fracassée dans les bars jetée à la figure du spectateur. Les fantômes de Cassavettes et Bukowski passent sur scène comme des anges…
Avant la retraite de Thomas Bernhard clôture la programmation du 11 au 23 mai. Les Toulousains du Groupe Merci sont à la manœuvre pour monter cette pièce parmi les plus sombres et féroces du dramaturge autrichien. Un ancien directeur de camp de concentration, juge bientôt à la retraite, organise une fête pour commémorer la mort d’Himmler ; une cérémonie préparée avec ses sœurs qui tourne bientôt au cauchemar. La radiographie d’une famille restée secrètement fidèle à ses démons à mettre en perspective avec la montée de moins en moins souterraine des extrêmes en Europe. Glaçant mais salutaire ?
Pour n’oublier personne, précisons qu’outre le théâtre, la chanson et la performance, il y a aussi du cirque les 17 et 18 octobre où sont convoqués les artistes du Cirque Galapiat et leur « poème musical et circassien » Parasites. Le 20 mars, c’est la danse qui est à l’honneur avec Negotiation des chorégraphes Pichet Klunchun et Olé Khamchania, confrontation entre la danse traditionnelle thaïlandaise et le hip hop. Les amoureux de la lecture peuvent noter sur leur agenda que le Sorano offre comme de coutume son plateau au Marathon des Mots du 28 juin au 1er juillet en y accueillant les écrivains et artistes de la nouvelle scène littéraire française.
Il se pourrait que ça devienne également une tradition, OUT !, le banquet-spectacle de fin de saison, est reconduit sur le parvis du théâtre et ses alentours les 25 et 26 mai. Le festival ARTO de Ramonville est encore associé à l’événement et on peut compter sur l’imagination des uns et des autres pour finir cet opus 17/18 en beauté (programme des réjouissances en cours de préparation, il va falloir patienter un peu).
L’histoire du théâtre à Toulouse continue de se faire au Sorano.
N’hésitez pas à en être les témoins. Conseil d’ami.
Eric Duprix
05 81 91 79 19
Crédit photos
Aglaé © Alain Richard
Bigre © Fabienne Rappeneau
Sébastien Bournac © François Passerini
Rodolphe Burger © Julien Mignot
Groupe Merci Solange Oswald et Joel Fesel_© Luc Jennepin
Sebastien Barrier © Nicolas Joubard
UBU © Sebastien Normand
Raoul Collectif © A.Piemme AML
Le Quat’sous_© Frédéric Desmesure
J’espère qu’on se souviendra de moi © François Passerini
Jusque dans vos bras © Loll Willems