A l’occasion du quarantième anniversaire de sa fondation, l’ensemble de cuivres anciens de Toulouse, Les Sacqueboutiers, organise un grand week-end de célébration, la deuxième Rencontre Internationale consacrée aux Cuivres Anciens, à leur pratique et à leur répertoire. Déjà en 2006, la formation toulousaine avait fêté le trentième anniversaire de sa création par la réalisation d’un grand symposium. Cette année, du 20 au 23 octobre, concerts et conférences seront couplés à un concours international centré sur les instruments emblématiques de l’ensemble.
Depuis sa fondation en 1976, l’ensemble Les Sacqueboutiers se consacre essentiellement à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire centré sur la Renaissance, âge d’or de leurs instruments. La réunion de ces musiciens passionnés s’est rapidement imposée comme l’une des formations de musique ancienne les plus imaginatives. La recherche de l’excellence musicale reste le moteur essentiel de leur travail. Sélectionnés comme Ensemble de l’année aux Victoires de la Musique Classique 2008, ils collaborent avec les phalanges les plus prestigieuses du moment pour interpréter des répertoires allant de la Renaissance à Mozart : Hesperion XXI, Les Arts Florissants, La Chapelle Royale, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, l’ensemble vocal Clément Janequin, le Clemencic Consort, A Sei Voci, Elyma… Ils sont régulièrement invités dans les plus grands festivals européens, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie.
Le jeune ensemble en 1982, quelques années après sa fondation : Jean-Pierre Canihac, Philippe Matharel, Jan Willem Jansen, Daniel Lassalle, Bernard Fourtet
Un peu d’histoire
Lorsqu’ils décident de fonder Les Sacqueboutiers en 1976, Jean-Pierre Canihac et Jean-Pierre Mathieu font office de pionniers. Ils se lancent dans une démarche qui ressemble alors à une véritable aventure. Non seulement ils entreprennent la redécouverte des cuivres anciens, presque totalement ignorés, voire méprisés, mais également ils entament une démarche faite de rigueur et d’imagination dans l’exploration du répertoire riche et foisonnant qui leur est associé. Cette recherche implique un investissement constant dans l’étude et la mise au point des styles d’interprétation correspondant aux musiques ainsi abordées. Rapidement, la qualité de leur travail leur vaut de participer à des enregistrements qui ont fait date dans l’histoire du disque (notamment Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi dirigées par Michel Corboz).
L’ossature de l’ensemble repose sur le groupe des cornets à bouquin et des saqueboutes qui ont donné leur nom à la formation. Autour de ce noyau viennent s’adjoindre, en fonction des répertoires, d’autres instruments (violons, violes, bassons, chalemies), et la voix (solistes, quatuor vocal, chœur). Cette souplesse dans la constitution de la formation est requise par la variété des répertoires fréquentés, notamment lors de l’élaboration de programmes originaux où l’ensemble collabore avec des musicologues spécialistes dans le but de faire entendre des œuvres nouvelles. En effet, l’un des objectifs majeurs des Sacqueboutiers consiste à participer activement à la redécouverte progressive des plus belles pages du patrimoine musical européen. En outre, ces musiciens ne limitent pas leurs activités au répertoire de la Renaissance. Leur créativité les amène à concevoir des projets, des spectacles associant la musique ancienne à d’autres univers artistiques : la musique contemporaine (des compositions de Gérard Duran, Marco Padilha, Patrick Burgan, Philippe Hersant… leur sont dédiées), la danse (Le Combat de Tancrède et Clorinde), le monde de la marionnette (Don Quichotte), le jazz (Le Jazz et la Pavane), la littérature (Rabelais), l’ethnomusicologie (Reis Glorios)…
Le noyau dur actuel de l’ensemble Les Sacqueboutiers : Jean-Pierre Canihac, Yasuko Uyama-Bouvard, Daniel Lassalle, Florent Tisseyre, Philippe Canguilhem
Les manifestations de la Rencontre
A l’occasion du quarantième anniversaire de sa fondation, l’ensemble, codirigé par Jean-Pierre Canihac et Daniel Lassalle, organise donc la deuxième Rencontre Internationale consacrée aux Cuivres Anciens. L’originalité de cet événement réside d’abord dans l’association de trois activités complémentaires : un concours instrumental, un cycle de conférences, un concert (au cours duquel les membres du jury rejoindront les Sacqueboutiers).
Le concours instrumental comprend trois disciplines : le cornet à bouquin, la sacqueboute, l’ensemble instrumental. Le jury sera présidé par le grand tromboniste Michel Becquet. Il sera composé d’artistes internationaux de grand renom : Jean-Pierre Canihac, Lluis Coll, Gebhard David, Jeremy West, Wim Becu, Jean-Pierre Mathieu, Fabrice Millischer, Adam Woolf.
Les demi-finales et les finales auront lieu les samedi 22 et dimanche 23 octobre 2016 à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines de Toulouse. Elles seront ouvertes au public.
Un grand concert d’ouverture aura lieu le vendredi 21 octobre à 20 h 30 à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines. Le programme, intitulé « Giovanni Gabrieli, Venise sur Garonne », réunira les plus belles œuvres originales consacrées par Gabrieli au cornet à bouquin et à la sacqueboute, mais également aux autres instruments à vent et à cordes très prisés à l’époque, avec en particulier les canzoni les plus importantes en terme d’effectif, jusqu’à 22 voix séparées, réparties en 5 chœurs.
Les conférences et discussions sont organisées par Philippe Canguilhem, en collaboration avec l’université Jean Jaurès de Toulouse, à la Salle Varèse du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse. Six conférences seront ainsi présentées par de grands spécialistes internationaux des instruments anciens et de leur répertoire. Ainsi se succèderont, du samedi au dimanche : William Dongois – Le monde de Silvestro Ganassi -, Rodolfo Baroncini – Venise et Giovanni Gabrieli -, Anne Pièjus – Musique et images de la musique à Venise à la Renaissance -, Fritz Heller – Écoute ce que je vois. Instruments à vent de la Renaissance dans les musées du monde -, Aurelio Bianco – La sonate « vénitienne » (1600 env. – 1650 env.), Modèles stylistiques et idiomes instrumentaux -, Philippe Canguilhem – L’émergence du cornet à bouquin comme instrument de concert dans l’Europe de la Renaissance -.
La fête des cuivres anciens, c’est pour tous les curieux et c’est pour bientôt !
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Crédits Photos
Le jeune ensemble en 1982 © Vinche
Le noyau dur actuel de l’ensemble Les Sacqueboutiers © Patrice Nin