Le feu au corps
L’adaptation du livre culte et éponyme de Jack Kerouac, véritable manifeste de la Beat generation, ne pouvait que poser problèmes, la frénésie de son écriture n’étant pas le moindre. Cela dit, comment ne pas rester médusé, anéanti, bouleversé, époustouflé aussi par ce road movie de 2h20 que nous propose le réalisateur brésilien. Le roman de Kerouac, plus ou moins autobiographique, nous conte sa traversée vers l’Ouest mythique des Américains au milieu du siècle dernier. Lorsque Sal (Kerouac), jeune écrivain en devenir, rencontre Dean, jeune ex-taulard bourré d’adrénaline et d’énergie dévastatrice, la fusion est aussi immédiate que totale. L’amitié amoureuse qui va les lier intensément amène Sal vers sa propre rencontre. Ce voyage au goût d’épopée est le sujet du roman. D’une caméra virtuose, Walter Salles suit ses deux héros dans l’explosion d’une génération qui donnera naissance au mouvement beatnik, avec tout ce que cela veut dire d’excès et de découvertes : sexe, drogue, alcool, amour libre. Autrement dit la transgression totale de l’ordre puritain régnant sur les Etats Unis d’alors. Somptueusement dirigés, tous les jeunes comédiens se révèlent ici excellents. Et quel bonheur de découvrir enfin le véritable talent de la madone des vampires version Twiligt : Kristen Stewart, superbe de naturel dans un rôle plus qu’exposé. Si Sam Riley incarne Sal avec une spontanéité et une tendresse envers son idole qui ne peut qu’emporter l’adhésion, c’est tout de même un quasi inconnu : Garrett Hedlund, qui lui vole la vedette dans le rôle de Dean. Le portrait de cet ange déchu d’une beauté littéralement sensuelle, que trace ce jeune comédien, a la puissance de feu et la profondeur de ton qui ne peuvent tromper. Ses apparitions brûlent l’écran et son dernier regard en dit long sur son talent. Il devrait être un concurrent sérieux pour le Prix d’interprétation au Festival de Cannes où le film est présenté en compétition officielle.
Robert Pénavayre
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